You are currently viewing La fois ou American Airlines a offert des billets d’avion à 250 000 $

La fois ou American Airlines a offert des billets d’avion à 250 000 $

Dans cet épisode, je vous raconte la fois ou American Airlines a offert des AAirpass, soit des billets d’avion à 250 000 $. Bonne écoute!

écouter l'épisode

Utilisez le lecteur suivant

Vous pouvez également cliquer sur l’un des boutons ci-dessous pour écouter l’épisode sur la plateforme de votre choix!

Description de l’épisode

Le 24 octobre 1978, le Congrès américain adopta le Airline Deregulation Act, une loi favorisant la libre entrée dans le secteur du transport aérien et la déréglementation des prix. L’arrivée de nouveaux joueurs sur le marché força les grands transporteurs à baisser leurs tarifs pour rester compétitifs et conserver leurs parts de marché.

Les marges de profit de plusieurs d’entre eux fondirent comme neige au soleil. C’est notamment le cas d’American Airlines, qui enregistra une perte de 76 millions de dollars en 1980. L’entreprise devait impérativement trouver des liquidités pour assurer sa survie, mais les taux d’intérêt élevés aux États-Unis limitaient sa capacité d’emprunt.

Le Canada fut également touché par cette flambée des taux. En 1981, les banques privées exigeaient entre 22 % et 23 % d’intérêt pour un prêt personnel. Étouffés par leurs dettes, de nombreux Canadiens et Canadiennes perdirent leur maison à cette époque.

Dans ce contexte, les dirigeants d’American Airlines durent faire preuve de créativité pour contourner les banques. Ils conçurent un plan original : lever des fonds directement auprès de leur clientèle. Comment ? En vendant des AAirpass aux plus fortunés — un billet offrant des voyages illimités en première classe, à vie.

Mis en vente pour la première fois en 1981 au coût de 250 000 $, le AAirpass permettait l’achat d’un second billet pour un supplément de 150 000 $, offrant la possibilité de voyager en tout temps avec la personne de son choix.

Le prix du AAirpass augmenta avec les années : 600 000 $ en 1990, plus d’un million en 1993. Il fut retiré peu après, puis réapparut brièvement en 2004 dans le catalogue de Noël de Neiman Marcus — une chaîne de boutiques de luxe — pour la modique somme de 3 millions de dollars.

Personne ne l’acheta à ce prix. Toutefois, entre 1981 et 1994, quelques dizaines de personnes fortunées se procurèrent le AAirpass, dont le célèbre joueur de baseball Willie Mays et l’homme d’affaires Michael Dell, fondateur de Dell. Mais une poignée d’individus abusèrent du programme, causant des pertes colossales à American Airlines.

Deux cas ressortent particulièrement  

Steve Rothstein

Banquier à Chicago, Rothstein acheta son premier AAirpass en 1987 après avoir été personnellement contacté par la compagnie. Il en acheta un second deux ans plus tard. Selon un article de Ken Bensinger du Los Angeles Times, il utilisait ses billets presque tous les deux jours. À titre d’exemple : s’il apprenait qu’une exposition ouvrait au Louvre, il pouvait quitter Chicago pour San Francisco afin d’y retrouver un ami… et prendre ensuite l’avion vers Paris. En juillet 2004, il effectua 18 vols, visitant entre autres la Nouvelle-Écosse, New York, Miami, Londres et Los Angeles.

Jacques Vroom

Consultant en marketing au Texas, Vroom contracta un prêt de cinq ans à 12 % d’intérêt en 1989 pour financer l’achat d’une paire de billets. Durant les deux décennies suivantes, il parcourut en moyenne 3,2 millions de kilomètres par année sur les ailes d’American Airlines. Il assista à tous les matchs de football de son fils sur la côte Est, alla déjeuner avec des amis en France ou à Londres, et emmena sa fille à Buenos Aires pour un projet scolaire.

En 2007, American Airlines lança une enquête pour repérer les abus. L’analyse des historiques de vols de Rothstein et Vroom révéla qu’ils coûtaient plus d’un million de dollars par an à la compagnie.

On aurait découvert que Rothstein offrait parfois son billet à des étrangers rencontrés à l’aéroport pour qu’ils bénéficient d’un surclassement. En quatre ans, il aurait fait 3 009 réservations, dont 2 523 annulées à la dernière minute, privant ainsi la compagnie de revenus importants.

Les avocats d’American Airlines découvrirent qu’une femme de Dallas avait versé 2 800 $ à Vroom pour envoyer son fils à Londres. Un couple âgé lui aurait payé 6 000 $ pour un voyage à Paris, et des bijoutiers lui auraient versé plus de 100 000 $ au fil des ans. Vroom admit avoir reçu ces paiements, mais affirma qu’ils visaient à rémunérer ses conseils, et non à couvrir les billets.

Bien que le contrat liant Rothstein et Vroom à American Airlines n’interdisait pas explicitement ces pratiques, la compagnie interpréta leurs actions comme de la fraude et révoqua leur AAirpass. Les deux hommes tentèrent de poursuivre l’entreprise… sans succès.

Le cas de United Airlines : Tom Stuker

American Airlines n’est pas la seule à avoir proposé un tel billet. En 1990, United Airlines lança également un forfait de vols gratuits à vie. Un certain Tom Stuker, consultant automobile du New Jersey, l’acheta pour 290 000 $.

Selon le site Web Simple Flying, Stuker a depuis visité plus de 100 pays et parcouru 36,8 millions de kilomètres, soit l’équivalent de plus de 920 tours de la Terre. En 2019, il établit un record personnel : 373 vols et plus de 2,3 millions de kilomètres parcourus en un an.

Selon le Washington Post, il a accumulé assez de miles de récompense pour rénover la maison de son frère et aurait encaissé 50 000 $ en cartes-cadeaux Walmart en une seule journée. Contrairement à Rothstein et Vroom, Stuker est aujourd’hui traité comme une véritable rockstar par United Airlines.

Deux avions ont été baptisés en son honneur, il a été consulté pour le menu des salons Polaris, on lui sert du champagne à volonté et une Mercedes vient parfois le chercher directement sur le tarmac pour lui éviter de rater ses correspondances.

Mais tout n’est pas toujours glamour dans les airs. Rick Reilly, du Washington Post, lui a demandé s’il avait assisté à des événements tragiques en vol. Sa réponse ? Quatre personnes sont décédées devant lui, toutes victimes d’un arrêt cardiaque.

ATTENTION : Prenez note que mon podcast a changé de nom en début d’année 2023! Affaires et marketing s’appelle maintenant Drôles d’affaires!

Liens importants :

  • Cliquez ici pour vous procurer mon livre 25 histoires étranges qui mettent en vedette des entreprises!
  • Cliquez ici pour en savoir plus sur mes conférences!