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L’histoire des seringues trouvées dans des canettes de Pepsi

Dans cet épisode, je vous raconte l’histoire des seringues trouvées dans des canettes de Pepsi dans les années 1990. Bonne écoute!

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Description de l’épisode

Le 9 juin 1993, Earl et Mary Triplett, âgés respectivement de 82 et 79 ans, rentraient chez eux à Tacamo, une ville américaine située dans l’État de Washington. Le couple venait de fêter son 61e anniversaire de mariage en Alaska. Avant d’aller au lit, Earl prit une canette provenant d’un emballage de 24 Pepsi. Il versa la moitié dans la tasse de sa femme et but l’autre moitié avec une paille.

Le lendemain matin, Earl prit ladite canette et entendit un bruit étrange provenant du contenant. En examinant de plus près son cola, il découvrit une seringue. Stupéfait par sa découverte, il agrippa le téléphone et appela son avocat. Ce dernier contacta la presse et les autorités sanitaires locales, lesquelles avisèrent la police.

Un deuxième cas similaire 

Le lendemain, une femme de Federal Way, une petite ville comptant un peu plus de 85 000 habitants située à seulement 15 km de Tacoma, prétendit à son tour avoir trouvé une seringue dans une canette de Pepsi. La Food & Drug Administration (FDA) invita dès lors les consommateurs à verser leur soda dans un verre avant de le boire afin de s’assurer qu’il ne contienne rien d’anormal.

L’organisme refusa cependant d’exiger de la multinationale un rappel de produit, car aucune blessure n’avait été signalée et rien n’indiquait que les seringues contenaient une quelconque substance nocive. Pepsi aurait songé à procéder à un rappel volontaire, mais elle décida finalement de suivre la recommandation de la FDA.

La crise prend de l’ampleur

La crise prit de l’ampleur dans les jours suivants et dépassa rapidement les frontières de l’État de Washington après que l’histoire ait fait la une des médias de partout au pays. Des gens provenant des quatre coins des États-Unis rapportèrent avoir trouvé des objets dans leur soda.

C’est le cas d’une femme de Portland qui déclara avoir trouvé deux seringues dans un seul verre. À New York, un homme affirma avoir accidentellement avalé deux épingles qui se trouvaient dans son Pepsi. À Beach City, dans l’Ohio, une femme déclara avoir trouvé une aiguille à coudre dans une canette. Et à Jacksonville, en Floride, un homme déclara avoir découvert deux vis.

Pepsi met en place une cellule de crise

Pepsi prit très au sérieux ces allégations. Elle mit rapidement en place une cellule de crise composée d’une douzaine de cadres ainsi qu’un numéro 800 pour répondre aux questions des consommateurs. Elle faxa des mises à jour matinales quotidiennes sur la crise à ses 600 bureaux, centres de distribution et embouteilleurs du pays, leur demandant de rassurer les détaillants.


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De plus, Pepsi passa au peigne fin tout son processus de production. Quant au président de l’époque, Craig Weatherup, il fit la tournée des médias afin de limiter les dégâts en démontrant, preuves à l’appui, qu’il était pratiquement impossible d’insérer un corps étranger durant le processus d’embouteillage.

Pepsi est convaincu qu’il s’agit d’un canular

Pour Weatherup, il était clair que les seringues avaient été introduites dans les canettes après leur ouverture. La FDA penchait dans le même sens. L’organisme était convaincu qu’il s’agissait d’un canular et que l’ensemble des cas rapportés n’était rien moins qu’une tentative d’escroquerie.

L’aide de la FDA fut déterminante. Elle rassurera non seulement la population, mais également les détaillants. Quelques petits commerces ont bien retiré les produits Pepsi de leur rayon, mais aucune grande chaîne ne procéda de la sorte. Au final, les accusations contre Pepsi ont eu très peu d’impact sur ses ventes, bien que le cours de l’action de la société ait chuté de près d’un dollar dans les premiers jours de la crise.

Une première arrestation

Le 15 juin 1993, soit cinq jours après le début de la crise, la FDA annonça une première arrestation pour fausse déclaration, un délit fédéral passible de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 250 000 dollars.

Puis la chance sourit enfin à Pepsi. Une caméra de surveillance d’un supermarché d’Aurora, au Colorado, filma une cliente en train d’insérer une seringue dans un produit Pepsi. La société fit plusieurs copies de la bande vidéo qu’elle fit parvenir à des stations de télévision.

La thèse du canular se confirme

La FDA organisa une conférence de presse pour insister sur le fait que les plaintes des derniers jours semblaient suivre le schéma classique d’un canular. À la fin de la semaine, il y avait eu plus de 50 plaintes dans 23 états contre Pepsi et plus d’une douzaine d’arrestations pour motif de fausses déclarations.

Entre-temps, l’agence de publicité de Pepsi, BBDO Worldwide, conçut une publicité imprimée qui représenta le seul placement payant de la société en réponse à la crise. Cette dernière fut publiée le 20 juin 1993 dans 200 journaux américains, dont le USA Today, le New York Times et le Washington Post.

Le titre de la publicité était le suivant : « Pepsi est heureux d’annoncer… rien. ». Le texte expliquait que ces histoires d’objets trouvés dans des produits Pepsi n’étaient rien de moins que des canulars et invitait les consommateurs à boire autant de Pepsi Diet qu’ils le souhaitaient. L’entreprise pouvait maintenant mettre toute cette histoire derrière elle.

Une soixantaine de plaintes déposées contre Pepsi

Au final, parmi la soixantaine de plaintes déposées contre Pepsi, aucune n’a été jugée crédible par la FDA et plusieurs accusations ont été portées contre les plaignants. Voici quelques cas :

  • James Ray Russell a déclaré avoir mis une seringue dans une canette de Pepsi Diet provenant d’un dépanneur afin de pouvoir poursuivre le géant des boissons gazeuses et donner l’argent aux sans-abri;
  • Cinia Martinez a d’abord dit aux enquêteurs et aux journalistes qu’elle était tombée malade après avoir trouvé une seringue dans une canette de Pepsi à moitié consommée. Au tribunal, elle a admis avoir trouvé la seringue dans un parc municipal et l’avoir mise elle-même dans ladite canette;
  • Randy A. Thompson a prétendu avoir trouvé une seringue dans une canette de Pepsi achetée dans un supermarché. Il a ensuite admis avoir pris une seringue d’insuline utilisée par son frère diabétique et l’avoir mise dans une canette. Il a ensuite tenté de refermer le contenant avant de l’offrir à sa petite amie. Dans une déclaration sous serment, Thompson a dit qu’il voulait simplement montrer à cette dernière que ce genre de chose pouvait lui arriver;
  • Kelly Jo Fitzwater a quant a elle affirmé avoir trouvé une aiguille dans une cannette Pepsi que sa fille de 3 ans avait bue avant de faire sa sieste.

Qu’en est-il des Triplett?

Quant aux Triplett, on ignore toujours comment ladite seringue s’est retrouvée dans leur cola. On ignore également comment cette canette de Pepsi Diet s’est retrouvée dans leur appartement puisque leur boisson de prédilection est le Pepsi régulier.

Les agents de la FDA, qui se sont rendus deux fois chez les Triplett, ont récupéré toutes les canettes ouvertes qui étaient destinées au recyclage et les canettes non ouvertes. Ils ont bien trouvé un total de 24 canettes, soit l’équivalent d’une caisse, mais seulement une était de marque Diet.

Le couple a confirmé que personne d’autre n’était entré dans leur appartement pendant et après leur retour de voyage. La seule personne qui avait en sa possession la clé de leur domicile était le gérant de l’immeuble, mais ce dernier assura aux autorités qu’il n’était pas entré dans la résidence des Triplett. Bref, ce cas demeure un mystère.

Pourquoi des gens inventent de telles histoires?

La question à se poser maintenant est « Pourquoi des gens inventent de telles histoires? ». Dans un article du magazine Times, le psychiatre médico-légal Park Dietz et le psychologue N.G. Berrill nous éclairent à ce sujet. Dietz explique qu’un cas médiatisé a l’échelle nationale, comme celui des Triplett, va générer en moyenne 30 fausses accusations.

Les auteurs sont généralement motivés par le profit, la publicité et, dans le cas de travailleurs mécontents, par la vengeance. Il s’agit généralement d’une personne en colère, antisociale, qui éprouve un réel sentiment de puissance en concevant un plan et en voyant les médias s’y intéresser.

Un besoin d’attention

Pour certains, il s’agit d’un simple besoin d’attention ou d’une farce. Dans le cas présent, un des hommes arrêtés dans le Missouri a admis avoir menti en disant avoir trouvé une aiguille dans une canette de Pepsi simplement pour voir ce que ferait la police. Une Californienne de 62 ans a quant à elle avoué à la police avoir inventé une histoire similaire pour faire une blague à sa fille.

L’argent

L’argent est également un appât. Berrill explique que de nombreux Américains éprouvent du mépris envers les grands conglomérats. Ils estiment que ces derniers peuvent se permettre de payer quelques dollars en indemnisations.

Se valoriser

Pour d’autres, les motifs sont plus inhabituels. Dietz mentionne que des agents de sécurité ont déjà placé des corps étrangers dans des produits, comme une lame de rasoir dans une tomate, simplement pour impressionner leurs supérieurs par leur vigilance. Dans la même veine, on peut penser à un pompier qui déclenche volontairement un incendie pour ensuite le combattre.

Sources :

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